Education positive jumeaux comment remplacer la punition

La semaine dernière, je vous ai parlé de l’importance de fixer des règles de vie en famille et surtout, comment le faire pour que ça « marche ». Je vous ai aussi dit que je reviendrai dans un autre article sur les conséquences à poser au non-respect de ces règles: c’est chose faite, le voici!

C’est un fait que je constate tous les jours ou presque, sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie: les parents et les adultes qui entourent des enfants cherchent des alternatives à la punition, ou en tout cas à la violence éducative ordinaire (fessées, claques, etc.). Il se se sentent pas à l’aise avec l’idée qu’une faute commise par un de leurs enfants reste impunie ou en tous les cas, sans conséquence.

En effet, en tant qu’adultes, si nous enfreignons le code de la route ou le code pénal, nous écoperons d’une sanction (sauf si nous parvenons à échapper au radar ou à la police!). De plus, lorsque nous étions enfants, la plupart d’entre nous avons été punis pour nos bêtises ou tout simplement pour nos erreurs. Enfin, tout le système scolaire est basé sur le système punition/récompense. Il semble donc logique, dans ce contexte global, de sanctionner également les enfants lorsqu’ils fautent. Et inconsciemment, nous pouvons trouver injuste d’avoir été punis petits, et que eux ne le soient pas! Et pourtant, punir ne permet pas d’atteindre le but recherché… sinon, les prisons seraient vides!

Pourquoi faudrait-il éviter de punir les enfants?

Il y a de nombreuses raisons pour éviter de recourir aux punitions habituelles (coin, isolement, privation d’amour ou de sorties, etc.- je ne parle même pas des claques, gifles et fessées qui sont tout simplement des violences à bannir tant elles font du mal à la relation et à l’estime de soi).

Tout d’abord, il ne s’agit pas de la meilleure méthode pour que les enfants apprennent à faire ce que nous attendions d’eux: les punir, ce n’est pas leur montrer le comportement attendu! Les enfants apprennent d’abord par l’exemple: l’exemple de ce qu’il faut faire. Si on les punit au lieu de leur enseigner les bons comportements, ils ne vont pas pouvoir apprendre à bien se comporter. Punir, ce n’est pas enseigner.

Au niveau émotionnel non plus, punir ne conduit pas au résultat recherché (= un bon comportement). Puni, un enfant se sent mal. Il nourrit des sentiments de colère, de tristesse et de rancœur, d’injustice et d’incompréhension. Il ne réfléchit pas sagement à sa bêtise comme nous aimerions qu’il le fasse, il rumine tout simplement des émotions négatives et un sentiment de grande solitude. Est-ce vraiment constructif? Est-ce vraiment cela que nous voulons cultiver chez nos enfants?

Bien sûr, il arrive que sous le coup de la colère nous nous emportions et que nous leur fassions vivre de telles émotions,. Vous culpabiliser pour de tels moments d’humanité n’est pas mon propos. Je suis moi aussi humaine d’ailleurs! Ici, je parle du fait de punir en tant que système éducatif systématique pour apprendre aux enfants à mieux se comporter.

La punition ne permet pas non plus de traiter une des causes principales des mauvais comportements chez les enfants: leur immaturité cérébrale. La partie du cerveau permettant d’inhiber l’impulsivité se développe tardivement: à la fin de l’adolescence! Elle se situe dans le cortex préfrontal, qui n’est pas encore correctement « connecté » au reste du cerveau à la naissance (je simplifie hein!). Donc, on attend beaucoup de self-control de la part des enfants… mais ils sont souvent tout simplement incapables neurologiquement et donc physiquement parlant de se contrôler comme un adulte le ferait! La punition est donc injuste de ce point de vue-là.

De plus, la peur, l’isolement, l’excès de stress, la dureté nuisent au foisonnement des connexions neuronales et au développement de la capacité de réflexion. Je vous renvoie à l’ouvrage « Pour une enfance heureuse » de la pédiatre Catherine Guéguen qui explique ce qui se passe dans le cerveau de l’enfant puni et fournit une longue bibliographie scientifique pour les plus sceptiques.

Par quoi remplacer les punitions?

Là où je rejoins les tenants de la punition, c’est que si une règle existe, c’est qu’elle est importante. Elle sert à protéger les membres de la communauté et sa violation doit être prise au sérieux et traitée. Je vais donc vous proposer quelques pistes pour remplacer les punitions, tout en gardant en tête qu’il n’y pas de méthode miracle ni de baguette magique.

Attention, si vous cherchez une « alternative » ou une conséquence qui soit désagréable ou pénible pour l’enfant… vous cherchez en fait une punition 🙂

Pour commencer, bien sûr, il faut savoir être réaliste: même si la règle « on ne tape pas » est posée, s’attendre à ce que des frères et sœurs qui vivent ensemble toute l’année ne se tapent jamais dessus, c’est rêver!

Voici ce que vous pouvez faire en amont – avant les bêtises ou les mauvais comportements:

  • Limiter les sources de stress pour vos enfants et pour vous-mêmes (j’ai déjà dit tout le mal que le stress peut causer aux relations parents-enfants dans cet article dédié aux obstacles à l’éducation positive avec des multiples).
  • Répondre aux besoins primaires de vos enfants: repos, nourriture, câlins, jeux, mouvement.
  • Poser vos propres limites sans attendre dès que vous sentez la moutarde vous monter au nez – sous peine de voir apparaître la redoutée Maman-ogre ou ses avatars!
  • Rappeler régulièrement à vos enfants les règles familiales que vous avez posées, et rappeler que ces règles permettent à toute la famille d’être en sécurité et de se sentir bien ensemble.
  • Valoriser les comportements appropriés chaque fois que possible, même s’ils vous semblent minimes ou normaux: « j’ai vu que cette fois-ci tu as réussi à te brosser les dents sans salir le miroir, ça me fait bien plaisir! »

Sur le moment:

  • Tout d’abord, aidez vos enfants à calmer leurs émotions fortes en évitant de leur faire peur et en vous montrant tendre, ainsi ils seront mieux capables de réfléchir ensuite avec vous à des alternatives pour les prochaines fois. Ca peut paraître contre-intuitif, mais si un enfant est sous le coup de la colère, il a d’abord besoin d’un adulte chaleureux pour réussir à mieux se comporter ensuite. J’en ai notamment parlé plus en détail dans cet article: comment aider mes jumeaux à gérer leurs colères?
  • Exprimer clairement vos émotions désagréables et vos besoins en message « JE »: « je me sens vraiment en colère quand je vois le miroir tout barbouillé de dentifrice! Je m’attends à ce que le miroir reste propre. » Vous avez le droit de vous sentir fâché, frustré, déçu, exaspéré… et de le dire! « Stop, là je ne suis pas d’accord! » ce n’est pas un gros mot 🙂
  • Vous asseoir avec vos enfants pour revoir ensemble la règle enfreinte. Est-elle comprise? Comment pourraient-ils faire une autre fois?
  • Apprendre aux enfants à réparer leurs erreurs et les dommages qu’ils ont causés à autrui. Il n’est pas indispensable que la réparation intervienne immédiatement. Ils auront probablement besoin d’un petit peu de temps pour trouver une manière de réparer leurs torts. Vous pouvez leur donner des suggestions, surtout s’ils sont tout petits: faire un câlin, faire un dessin, rendre un service… La réparation ne doit pas être désagréable, elle doit avoir une visée réparatrice envers le lésé, et non punitive envers le fautif.

Comme vous pouvez le voir, il y a de nombreuses pistes à explorer pour sortir du système punitif. Les alternatives incitent à la réparation, à la réflexion et à la mesure, tout en nourrissant les liens qui nous unissent à nos enfants. Il ne s’agit donc pas de laxisme, loin de là!

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