C’est indéniable : la période entre 2 et 4 ans, grosso modo, est une phase la plupart du temps très éprouvante pour les parents. En effet, les enfants traversent à ce moment-là une énorme évolution dans leur développement, qui commence avec l’acquisition de la marche et donc, la maîtrise de leurs propres déplacements : c’est le début de la liberté à leurs yeux, une liberté qu’ils explorent avec toute cette merveilleuse énergie vitale qui est la leur (et que nous leur envions parfois !)… sauf que nous, leurs parents, devons continuellement les stopper dans cette exploration, les canaliser, les cadrer et donc les frustrer.
Comment se manifeste ce fameux « terrible two » ?
De ces perpétuelles entraves à leur autonomie, plus ou moins nécessaires, il résulte de grosses émotions pour nos enfants, d’autant plus qu’ils ne sont pas encore en mesure d’exprimer verbalement tout ce que cela leur fait vivre. Résultat, ils se retrouvent débordés par leurs émotions, ce qui se traduit en pleurs, cris, hurlements, colère et autres crises. C’est très pénible pour tout le monde, à commencer par les enfants concernés !
Alors on fait quoi, quand nos multiples crisent en même temps ?
1. On choisit ses combats
Il est utile de considérer la période entre 2 et 4 ans comme une véritable « période de crise » : la priorité est de s’en sortir tous vivants et dans le meilleur état psychologique possible ! Il est donc absolument crucial de limiter ses combats aux choses vitales : santé et sécurité. Si Junior et Junior bis veulent mettre leurs chaussettes rouges et non les chaussettes vertes qu’on leur a pourtant tricotées avec amour, on s’en tape. Idem, s’ils refusent de manger les légumes pourtant mitonnés avec toute notre bonne volonté, inutile d’en faire tout un plat et de le prendre personnellement : le plus important, c’est qu’ils mangent à leur faim aux repas. L’équilibre alimentaire se fait sur une très longue durée.
Et si tous les actes du quotidien du lever au coucher sont un combat, on revoit ses priorités pour y mettre une dose de rire ou de tendresse. Ce sont ces petits moments d’amour et de joie partagée qui vont le plus vous aider à traverser cette période chahutée. Donc mieux vaut parfois lâcher du lest sur le bain du soir si ce n’est un plaisir pour personne et en profiter pour jouer ou lire ensemble.
2. On accompagne les émotions de ses touts-petits
Piégés par leur immaturité cérébrale, les enfants ne sont pas capable de gérer leurs émotions correctement tout seuls. Ils ont besoin de nous! Laissés seuls, leur cerveau est incapable de réfléchir comme un adulte le ferait. Il nous revient donc de les aider de notre mieux dans ces moments difficiles: les prendre dans nos bras, leur parler gentiment, essayer de nommer leurs émotions… plusieurs pistes s’ouvrent à nous lorsqu’ils vivent des tempêtes émotionnelles. Pas de recette miracle ni de succès immédiat, apprivoiser les émotions est un travail de longue haleine. Néanmoins, être présent de façon chaleureuse dans ces moments et verbaliser que les émotions, aussi désagréables soient-elles, sont normales et finissent par passer, est un cadeau inestimable que vous pouvez faire chaque jour à vos enfants.
3. On essaie de rester calme… et on s’y entraîne
Au plus fort de la crise, on limite les dégâts : on prend sur soi pour rester calme si on y arrive (péter un plomb soi-même n’enseigne pas aux enfants à gérer leurs émotions…) et surtout, on se pardonne si on n’y arrive pas ! Si vous ratez l’occasion de déployer toute votre zénitude quand vos loulous partent en cacahuète, ne vous inquiétez pas : demain est un autre jour et vous aurez de multiples autres opportunités d’utiliser cette fameuse zénitude en voie de déploiement.
Je vous encourage vivement à mettre en œuvre aussi souvent que possible tout ce qui est nécessaire pour cultiver votre calme, car plus on s’énerve, plus on aura tendance à facilement s’énerver dans le futur. C’est un cercle vicieux qui rejaillit aussi sur nos enfants : il y a fort à parier qu’ils auront plus de difficultés à rester calmes face aux contrariétés une fois plus grands si vous leur donnez l’exemple contraire quotidiennement quand ils sont tout petits.
Il n’y a malheureusement pas de recette magique qui fonctionne pour tout le monde pour s’entraîner à garder son calme, car les raisons qui nous poussent à nous énerver sont nombreuses et dépendent du vécu de chacun. Très souvent néanmoins, nous avons un rythme de vie qui nous pousse au bord de l’épuisement et cela, ce n’est bon ni pour nous ni pour nos enfants. Commencer par revoir son style de vie est donc en général le premier exercice à faire. Simple, mais pas forcément facile… et cela ne se fait pas du jour au lendemain. Prenez donc du temps pour pouvoir y réfléchir tranquillement, et déterminer quelles sont les choses qui vous font du bien à vous. Sans surprise, dormir et se reposer suffisamment, pratiquer une activité physique, sortir dans la nature, pratiquer la relaxation, le yoga, la méditation ou une activité artistique (comme par exemple écrire son journal) sont des éléments qui favorisent notre bien-être à long terme et donc, notre sérénité. A vous de trouver votre voie.