On nous dit souvent qu’il faut accepter que l’autre parent agisse différemment à la maison ou avec nos enfants, mais ce conseil (facile!) de lâcher-prise ne suffit pas, la plupart du temps. Dans la réalité, déléguer certaines missions (le bain ou la douche, le repas, le coucher, etc.) pour pouvoir souffler ou accomplir d’autres tâches à la place peut conduire à empirer la situation: après quelques minutes, les enfants crisent et le parent chargé de mission hurle encore plus fort qu’eux! Du coup, vous voilà obligé(e) d’intervenir malgré tout… Que faire?
Pourquoi votre conjoint perd-il si facilement patience avec les enfants?
Derrière la violence, il faut se rappeler qu’il y a toujours de la souffrance ou en tous cas, un sentiment d’impuissance. Si un parent hurle, c’est qu’il n’a pas d’autres moyens à portée de main pour faire entendre de ses enfants. Le fait de « ne pas y arriver » engendre un sentiment de frustration chez le parent qui peut déboucher sur un répertoire éducatif non souhaité, du hurlement à la douche froide en passant par les claques et les menaces. Vous devinez d’où viennent ces techniques? De notre vécu d’enfant bien sûr, resté inconscient mais pourtant bien présent et qui pilote nos réactions de façon automatique.
De façon générale, même si on n’a pas été éduqué « à la dure », quand on se sent très stressé (par exemple parce que notre enfant refuse de nous obéir et pousse des hurlements stridents qui nous font mal aux oreilles), notre cerveau peut interpréter la situation comme un danger. Résultat? Nous n’arrivons plus à réfléchir et notre cerveau primitif peut nous pousser à devenir agressif pour stopper le danger et retrouver du contrôle sur la situation.
Dans ces situations, nous n’arrivons plus à avoir du recul, à nous adapter et à ressentir de l’empathie, pour nous-même ou pour les autres. L’absence d’empathie nous pousse à la violence. Le parent (et l’enfant!) qui vit cette situation aurait donc besoin que quelqu’un lui témoigne de l’empathie pour pouvoir « faire le plein ».
Comment intervenir lorsque votre conjoint crie sur les enfants?
Vous vous en doutez, comme pour les enfants, si votre conjoint crie, il ne sert à rien de lui mettre des claques: cela pourrait vous soulager sur le moment, mais ça ne ferait qu’empirer les choses par la suite. Il est néanmoins important de réagir, car les désaccords éducatifs font partie des « stresseurs » qui vous entraînent sur la pente glissante du burn-out parental.
Sur le moment, n’hésitez pas à intervenir de façon spontanée pour proposer votre aide, si vous vous en sentez capable. Rien ne sert de ronger votre frein en épluchant vos patates pendant que c’est le concert de cris à la salle de bain car dans ce cas, tout le monde souffre! Testez l’humour, c’est un outil très puissant pour changer l’énergie ambiante (arrivez comme un super héros ou dans la peau d’un clown, par exemple). Mais naturellement, faire tout le temps le pompier n’est pas efficace et peut même être doublement nocif: pour vos enfants ET pour votre couple.
S’il s’agit d’un débordement ponctuel, et que vous avez une petite réserve d’empathie sous la main, parlez-en avec votre conjoint au calme une fois les enfants couchés. Bien sûr, en évitant le ton accusateur et en cherchant une solution qui vous convienne à tous les deux (il n’est pas plus heureux que vous d’en arriver là!). J’avais déjà parlé du processus de recherche de solutions à la fin de l’article sur les conflits au sein de la fratrie, c’est le même principe avec votre conjoint. Vous pouvez par exemple lui proposer le système de la carte Joker.
En tous les cas, il faut reconnaître qu’il y a des périodes plus difficiles que d’autres dans la vie des adultes (stress professionnel, souci de santé, inquiétude financière, etc.) et cela peut se répercuter sur les ressources éducatives de chacun. Tant que cela ne s’inscrit pas dans la durée, ou que cela ne se cumule pas avec d’autres facteurs importants de stress (maladie, entrée à l’école, changement de crèche ou de travail, déménagement, etc.), tant les enfants que le couple peuvent surmonter ces aléas de la vie, en principe.
J’ai déjà tout essayé, mais il continue…
S’il s’agit d’un débordement répétitif, et que cela ça vous chiffonne: il y a une difficulté relationnelle durable entre votre enfant (ou vos enfants) et son autre parent. Il faut d’abord vous positionner vous-même par rapport à cette situation et vous écouter: qu’est-ce que cela me fait d’entendre mon mari / ma femme crier sur mes enfants? Puis, à nouveau, il est important d’en discuter avec votre conjoint, en parlant de l’effet que cela a sur vous avant de chercher des solutions ensemble. Trouver la source du surplus de stress qui provoque ces situations sera indispensable également.
C’est souvent lorsque ce processus ne produit pas les résultats escomptés qu’un des deux parents, ou le couple ensemble, entreprend une démarche d’accompagnement parental. En effet, notre histoire personnelle nous a dotés d’une sensibilité individuelle au stress, d’un niveau de résilience différent et d’une tolérance à la violence propre à chacun, sans compter l’éducation que chaque parent a reçue étant enfant. Consulter un ou une professionnelle du soutien à la parentalité permet de mettre en lumière ces différences, souvent inconscientes, de faire la part des choses entre éducation reçue et à donner, et de repartir sur de bonnes bases, saines et durables pour les enfants et pour le couple.
Comment faire pour que mon conjoint arrête de crier? Dois-je consulter? Dois-je le quitter?
Suite à de nombreux commentaires sur cet article dont certains m’ont fait frémir quant à la violence verbale voire physique qu’ils évoquaient, j’ai décidé de compléter mon article avec ce paragraphe.
On ne peut pas faire changer les autres, ni ses enfants, ni son conjoint. Mais on peut néanmoins provoquer un changement, en agissant (sur) soi-même: en s’adressant à une association d’aide aux victimes de violence domestique, en décidant de s’investir dans un accompagnement parental professionnel, et/ou en décidant de ne plus accepter cette violence et en s’organisant pour se mettre à l’abri, et mettre ses enfants à l’abri de cette violence.
Vous ne méritez pas cette violence, et les auteurs de violence ont besoin d’aide pour en sortir, mais pas la vôtre: celle d’un professionnel, qu’ils ne pourront recevoir que s’ils sont mis face à un changement. Prenez votre vie en main, en cherchant de l’aide, et un changement s’amorcera.
J’espère du fond du coeur que ces quelques lignes supplémentaires vous permettront, chères lectrices, chers lecteurs, de faire ce pas nécessaire sur le chemin de votre mieux-vivre.
Bonsoir à toutes, pour ma part, je ne sais pas comment réagir, je dois dire que moi j’ai la fâcheuse habitude de me mettre à crier lorsqu’après avoir demandé plusieurs fois la même chose cela ne se fait pas (j’ai une fille de 6 ans et un petit de 18 mois qui ne fait toujours pas ses nuits, et je pense que la fatigue joue beaucoup même si ce n’est pas une excuse)… Par contre mon conjoint lui n’a aucun contrôle de lui même, dès qu’il n’arrive pas à gérer la situation avec les enfants il cri mais surtout il en vient aux mains avec ma fille (tape sur la tête, tire les cheveux) il n’arrive pas à se contrôler, à chaque fois j’interviens en lui demandant d’arrêter tout de suite mais là il se mets en colère en disant que je n’ai qu’à me mêler de ce qui me regarde car c’est lui qui est entrain de disputer notre fille et pas moi et que je n’ai pas à intervenir et à le stopper dans son éducation… Ma fille commence a avoir peur de lui, demain matin je travaille lui non, ma fille est en vacances et j’ai annoncé à ma fille que c’est son papa qui allait la garder demain matin… Sa réaction « mais t’es dingue ou quoi… » Et ce soir grosses crise de pleurs, elle me dit qu’elle ne veut pas que ce soit son père qui la garde demain car « il est méchant »… Elle le craint de plus en plus, et lui quand je lui ai dit ça tout ce qu’il a réussi à me dire c’est « c’est de ta faute ça… » J’ai pas répliqué car on allait encore se disputer à ce sujet.. je suis peut être dans le déni, pensez vous que cela puisse être de ma faute qu’elle ait peur de son père ? Que me conseillez vous pour qu’il comprenne enfin qu’on ne lève pas la main sur son enfant, même pour une petite tape sur la tête, et ensuite moins tirer les cheveux… Merci de votre aide
Chère Jessica, il est bien difficile de rester patiente lorsqu’on demande plusieurs fois de suite et que rien ne se passe, d’autant plus si on est fatiguée! Commencer par prendre soin de soi, revenir à soi, permet de se calmer et d’y voir plus clair. Non, vous n’êtes pas responsable du fait que votre conjoint s’énerve aussi facilement et de façon violente avec sa fille. En matière de déni, il me semble que c’est plutôt lui qui a l’air d’y céder. Cela étant, vous êtes responsables, tous les deux, de vos enfants et si vous êtes trop en désaccord avec votre conjoint je vous encourage à en parler ensemble, comme vous l’avez déjà fait. Il est néanmoins difficile de convaincre une autre personne que soi-même de renoncer à utiliser les « petites » violences que vous mentionnez: étant donné que la plupart d’entre nous ont grandi avec, nous considérons comme normal, à la fois de les avoir subies et de les faire subir… il y a donc une souffrance derrière cette violence, une souffrance qui a besoin d’être entendue et écoutée pour s’apaiser. C’est le rôle d’un thérapeute d’accueillir cette souffrance. Pour votre part, vous pouvez parler à votre conjoint de votre ressenti face à ces violences éducatives, de vos besoins, et lui faire une demande (d’y renoncer par exemple). Je vous adresse tous mes encouragements car c’est un chemin qui prend du temps.
Bonjour,
Je reconnais notre famille et notre fonctionnement dans cet article. J’ai deux enfants (7 et 4 ans) et mon mari est très contrôlant avec nos enfants (et moi aussi parfois). Lui qui était si calme, si détendu et jamais inquiet de rien, il s’est transformé à l’arrivée des enfants.
Les repas sont un enfer, car mon fils ne tient jamais en place (je pense qu’il stresse d’avance) et il se prend au bas mot une vingtaine ou trentaine de réflexions (tu tiens mal ta fourchette, tu manges salement, assieds toi bien etc.) Il est constamment à surveiller et veut montrer sa manière de faire car elle est forcément meilleure. Les weekends se passent de plus en mal, les enfants ressentent notre tension et l’ambiance devient invivable. Mon mari a eu une éducation compliquée (père ne s’est pas vraiment occupé de lui jusqu’à ce qu’il atteigne un âge « intéressant » (10 ans) et ensuite, éducation très autoritaire sans jamais pouvoir essayer les choses par lui-même.
Nous nous disputons sans cesse et je songe à le quitter. Je voudrais tenter une thérapie de couple mais j’ai peur que ce soit sans espoir.
Chère Marion,
Votre situation ne doit pas être facile, ni pour vous, ni pour vos enfants, ni pour votre mari. Il est probablement difficile pour lui compte tenu de son vécu, de réagir différemment à ce stade. En effet, une thérapie de couple serait certainement fructueuse, quelle que soit sa conclusion. Je vous encourage à ne pas rester sans rien faire dans cette situation. Et si vous souhaitez ensemble travailler sur votre relation éducative avec vos enfants, je serais heureuse de vous aider à retrouver des bases plus harmonieuses. Dans tous les cas, je suis persuadée qu’il reste de l’espoir d’un changement positif, pour vous, votre mari et vos enfants. Ne restez pas seuls dans cette situation!
Bonsoir,
J’ai deux garçons de 7 et 9 ans.
Ils ont toujours été très vivants énergiques et à tendance à vouloir tout diriger dans la maison surtout l aîné , dans nos vies.
C’est usant au quotidien car ils ne supportent pas les contraintes, les règles c’ est un combat permanent tout prend des proportions importantes et la vie de famille devient de plus en plus pesante.
Les tâches quotidiennes comme se préparer le matin les devoirs les repas tout est source de ménage de cris ..
Pourtant nous avons tout essayer nous tenons des règles de vie pour tenter d’éviter de se battre sans cesse pour la douche, mettre le couvert etc
Mais le problème c’est que j’ai beaucoup de mal à les punir cela m’atteint et ils me font culpabiliser ensuite en insistant en appuyant la ou ça fait mal ils me connaissent bien en fait
Mais lui mon mari a plus d’autorité mais en criant et je ne supporte pas ces tensions cette agressivité ces cris ces pleurs dans la maison cela m’agresse à moi aussi alors que je sais que c est ce qu il leur faut pour maintenir le cadre.
Je ne sais pas comment pouvoir arriver à laisser mon mari gérer les choses sans tjs intervenir lui dire de se calmer leur trouver tjs des excuses ..
mon mari lui a l impression d avoir 3 personnes contre lui et donc le vit très mal car je ne le soutient pas dans ces réactions au contraire j éteins le feu sans cesse et à tard je le sais car les enfants l ont bien compris et c est un cercle vicieux
Je ne sais plus quoi faire je suis perdue et épuisée
Merci pour votre aide
Chère Christelle,
Vous vivez une situation certainement très difficile du fait de ce cercle vicieux que vous décrivez. Je ne peux qu’imaginer à quel point cela doit être épuisant d’avoir d’un côté les enfants qui veulent régenter votre vie familiale, et de l’autre votre conjoint qui hausse le ton pour tenter d’y remettre bon ordre. Comment poser un cadre et faire respecter ses limites sans devoir en passer par là? Je vous propose de commencer par tenir un journal des événements quotidiens positifs et négatifs de votre vie avec vos enfants. Après quelques jours, vous aurez une vision plus équilibrée et plus complète de ce qui va et de ce qui ne va pas. En parler avec votre conjoint et fixer vos propres limites serait une suite logique, mais parfois il est difficile de faire ce travail seule. C’est pourquoi je ne peux que vous recommander de chercher de l’aide pour trouver une solution adaptée à votre famille, que ce soit auprès d’un thérapeute familial ou d’un consultant en parentalité, si vous n’arrivez pas à fixer ces limites par vous-même. Parfois c’est justement parce qu’on a pas pu dire assez « non » étant petite qu’on ne sait pas le faire une fois parent. Je vous adresse tous mes encouragements et je serai là pour vous aider si vous souhaitez faire changer les choses (vous pouvez me contacter par le biais de la page « Contact ».
Bonsoir,
De lire votre article et les commentaires sont déjà d’une si grande aide. Merci. J’ai un garçon de 5 et une fille de 1.5 ans. Nous n’avons pas les mêmes principes éducatifs entre mon mari et moi. Il est très strict je suis plus laxiste, il est respectueux de toute chose je suis plus cool et les relations du coup au sein de la famille sont très compliquées. Depuis qq années maintenant, je n’arrive plus à supporter son éducation, il parle beaucoup pour ne rien dire, il est parfois violent verbalement, « tu es le pire fils qu’il soit » ou physiquement avec des fessées. Je pense qu’il est en burn out parental mais il n’en prend pas conscience même si je le lui dis ouvertement. Je ne sais plus quoi faire, j’ai essayé de lâcher et fermer les yeux, intervenir, être emphatique mais rien ne change. J’ai peur des séquelles que cela peut laisser aux enfants à la place des bons souvenirs. Comment l’inciter à changer ?
Merci beaucoup et bon courage à tous et toutes
Bonsoir, tout d’abord merci beaucoup pour votre partage. La situation que vous vivez ne doit pas être simple, ni pour vous, ni pour votre conjoint, ni bien sûr pour vos enfants surtout si des paroles blessantes ou des gestes violents sont posés. Il est très compliqué de faire changer quelqu’un, même lorsqu’on voit que cette personne n’est pas bien. Car ce qu’on voit de l’extérieur, la personne qui le vit n’a pas le recul nécessaire pour le voir, d’autant plus si cela vient appuyer sur des boutons provenant du passé. En effet, notre éducation rejaillit bien souvent non seulement sur ce que nous transmettons à nos enfants, volontairement ou non, mais aussi sur notre propre bien-être. Une éducation sévère et rigide peut conduire malheureusement parfois à de la souffrance et au besoin d’être parfait… d’où épuisement. Vous avez toujours un levier d’action de par l’attitude que vous déployez face aux comportements que vous désapprouvez, ainsi que par les attitudes parentales que vous-mêmes utilisez, mais bien sûr aucun changement n’est ni facile, ni immédiat. Je vous suggère de vous rapprocher d’un professionnel du soutien conjugal ou parental pour en parler et faire évoluer votre situation familiale. Bien sûr, à ce titre je reste à votre disposition (vous pouvez me contacter via cette page: https://www.maman-et-compagnie.ch/contact-coaching/). Bonne suite à vous!
Isabelle